9h : Nous grimpons lentement dans un sous-bois de boulots et de sapins. Exactement le genre de sous-bois dans lequel l’ours aime traîner, d’après la documentation que Lyzou a récupéré en se faisant prendre en stop par des pro-ours la veille! Et dire que celui-ci est opportuniste du point de vue alimentaire…On n’est pas dans la mouise! Grosso modo, ça signifie que … s’il nous voit sur le chemin, il nous cueillera, à l’instar d’une myrtille, d’une fraise ou d’une limace.
9h30 : Nous nous faisons la réflexion que nous en connaissons une autre, d’opportuniste alimentaire et elle est justement en train de piquer un énorme roupillon !
20 h : Nous faisons la rencontre de Gildas, le berger et de ses chiens : Mireille, Mamouth et Otis. Il est important de préciser que Mireille passe le mur du son en courant dans une pente à 20%… En gros, si tu regardes à ce moment-là dans sa direction… tu la vois floue. On est loin de l’image qu’on se fait d’une Mireille… La mienne, perso, aurait plutôt été assise devant sa cheminée avec son crochet, ses charentaises et ses mots fléchés.
20h10 : Au fil des présentations, Gildas se rend compte que nous randonnons avec Ariane. Nous lui expliquons que nous allons vers l’océan – alors que 95% des randonneurs vont vers la Méditerranée. C’est là qu’il nous dit : « Décidément, vous ne faites pas tout comme tout le monde !Même votre tente tout le monde a une igloo maintenant et vous, vous avez une canadienne… » Ensuite, nous parlons un peu de l’ours… —- Gildas nous explique qu’il a fait partie des personnes qui étaient allées les chercher en Slovénie. Curieusement, il nous raconte qu’il pensait que l’Europe et la France allait encourager financièrement les bergers après leur réintroduction. […] Mais, selon lui,les règles du jeu sont absurdes, et les aides risquent d’être coupées dans quelques années car elles sont trop présentes et n’incitent pas le berger à bosser « correctement ». Normalement, les brebis sont regroupées à la nuit tombée et passent la nuit à l’abris dans un enclos électrisé, sous la surveillance d’un ou plusieurs Patous . L’attaque peut arriver, mais elle est rare… En 28 ans de métier, il ne s’est fait attaquer que 2 fois.Il nous explique qu’un berger qui ne se fait pas attaquer pendant 4 ans n’a plus d’aides de l’État pour se protéger contre les ours. Alors qu’il peut pourtant accomplir un super travail. Un berger qui n’aurait pas rentré ses brebis et qui subirait une attaque, recevrait, quant à lui, l’équivalent financier du coût de la brebis ainsi qu’une prime de dérangement de +200€ par attaque.
20h20 : Gildas nous laisse à notre nuit en nous expliquant que l’ours passe régulièrement dans la lavogne située 2m en contre-bas de notre tente. Nous voilà rassurés pour la nuit! Nous ne sortirons que… demain matin : il fera jour…
20h30 : Nous nous empressons de mettre nos réserves alimentaires, bien à l’abri dans notre sac étanche.
20h30 : Nous révisons les gestes anti-ursidés avec Ariane.
Ils nous seront peut-être utiles cette nuit…
Classés dans :2020 - Traversée des Pyrénées à pied avec bébé, Carnet de bord
Cet article a été écrit par Alizée Conraud
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